Bravo Michel !
C'est en effet un chant de marins écrit dans des circonstances particulières. Les Américains embourbés dans la Civil War ont autre chose à faire, mais ils voient d'un très mauvais œil s'installer l'empire du Mexique voulu par Napoléon III et qui, à terme, pourrait revendiquer la Californie et le Texas conquis sur les Mexicains. Cette chanson qui flatte Santa Anna, toujours vivant, est une réaction anti-française. On est loin du fameux trois-mâts, fin comme un oiseau.
Pour en revenir à Álamo et Bexar, il y eu deux batailles, le siège bien connu et la première, passée à la trappe, en décembre 1835. Les "Texans" mettent une pâtée aux Mexicains qui se rendent et parmi eux leur général, Martín Perfecto de Cos, avant d'être renvoyés dans leurs foyers. Le problème, c'est que Martín, c'est le beau-frère de Santa Anna qui est d'autant plus furax. Cela explique que lorsqu'il arrive à Bexar fin février 1836, il n'est pas dans les meilleures dispositions. On connait la suite.
Les Américains ont tambouillé l'Histoire à leur manière. A en croire le film, il n'y a que des "Texans", comprendre des émigrés américains. Or sur les 189 défenseurs, il y avait 9 nationalités, dont un Danois et un Français, le seul survivant. Il s'appelait Louis Rose, surnommé Moses parce que c'était le plus âgé de la bande. Quand Travis offre à ses hommes de rester ou de partir (le trait d'épée dans le sable c'est de la pure fantaisie hollywoodienne), il choisit de partir, ce qui lui vaudra le surnom de
coward of Alamo. C'était pourtant tout sauf un lâche cet ancien lieutenant de la Grande Armée qui avait survécu à la calamiteuse campagne de Russie et à Waterloo. Il avait simplement considéré que Houston avait davantage besoin de soldats vivants que de héros morts.
On ne touche pas à Alamo.
L'année dernière, un historien s'est vu interdire la diffusion de son bouquin dans les musées, parce qu'il s'est permis de rappeler que les fameux Texans étaient tous esclavagistes. Ce qui est vrai. Si tu revois le film, regarde le drapeau. Il est au couleurs du Mexique avec en son centre la date 1824. Elle se réfère à la Constitution qui, entre autres, autorisait les colons à pratiquer l'esclavage (comme Bowie, qui n'a jamais affranchi son brave serviteur, désolé John Wayne
). Le Mexique abolit l'esclavage en 1829 et pour nos Texans, c'est inacceptable.
Une dernière anecdote. Dans les années 80, un visiteur visite l'Alamo et met un commentaire sur le livre d'or. La Cerbère de service se précipite pour le lire et là, scandale, le gars avait signé Santa Anna.
La mémé fait un souk. Il a fallu qu'il sorte sa carte d'identité pour calmer mémère. Il s'appelait bien Santa Anna, c'était le descendant d'Antonio López et lui, comme toute sa famille, était de longue date de nationalité américaine.