Les prix indiqués par Jérôme ne comprennent pas le billet d'avion pour la Réunion, le port d'attache du Mar'Duf'. Faut pas rigoler non plus, 8000 (par personne) à 17000 euros, c'est déjà cadeau.
Ceci dit, c'est une expérience intéressante. En 1990, j'ai fait une traversée transatlantique Guadeloupe / le Havre sur un porte-containers de la CGM. Huit jours pour moins de 800 €. Capacité passagers 12 personnes. Cabine confortable, salon et salle à manger passagers. Service par un maître d'hôtel, entrée froide, entrée chaude, plat principal, fromage et dessert, café et vin bouché. Sans compter les invitations à la table du commandant, la visite commentée des machines avec l'ingénieur mécanicien et le travail avec le météorologiste.
J'étais le seul passager à bord. Ils ont rempli la piscine rien que pour moi et le commandant m'a invité à assister depuis la passerelle aux manœuvres d'appareillage à Pointe-à-Pitre et d'accostage au Havre en compagnie du pilote portuaire. C'est super.
Tous les soirs, il y avait un pot et j'y étais invité. Faut dire que le maître d'hôtel s'était aperçu que j'étais modéliste en voyant la voilure de mon chébec traîner sur mon lit. Il l'avait dit aux officiers et du coup j'étais considéré comme faisant partie de la famille.
Un mot sur Yves Joseph de Kerguelen. L'article de Wikipedia est truffé d'erreurs. Ce sont le gouverneur de l'Isle de France (aujourd'hui Maurice) et l'intendant Poivre qui ont envoyé des lettres dithyrambiques à Versailles disant que les îles découvertes par Kerguelen étaient quasiment idylliques, pas le navigateur. Reçu par le roi, traité en héros, Kerguelen a eu le tort de ne pas démentir et a reçu l'ordre de monter une seconde expédition.
Kerguelen est donc reparti, emmenant avec lui, deuxième connerie, sa jeune maîtresse, Louise Seguin, 15 ans. Elle n'était habillée en homme, l'article confond avec Jeanne Barret, la compagne de Philibert Commerson, le naturaliste de Bougainville. "Louison" que tout le monde aimait bien était supposée être une passagère à destination de l'Isle de France où bien sûr, elle ne débarqua pas. En plus, comme elle "ne supportait pas la promiscuité avec les autres passagères" logées dans la grande chambre, elle avait émigré dans celle de Kerguelen.
Au retour, pour cela et pour avoir menti sur le potentiel de l'archipel que Cook qui y passe en 1776, appellera les îles de la Désolation, Kerguelen fera trois ans de taule.
Faut dire qu'à peine Kerguelen parti, le second navire de la première expédition que l'on croyait perdu corps et biens, le Gros Ventre (c'est le nom d'un oiseau de la Réunion) est arrivé en France. Et là, les officiers : Quoi, idyllique ?
Vous rigolez ! On se les gèle, il n'y pousse rien d'autre qu'une espèce de choux, le vent est infernal et on n'y trouve que des colonies de manchots. Ça pourrit sérieusement l'ambiance.
Au XIXe siècle l'archipel deviendra une station pour les baleiniers puis plus tard, profitant de l'Entente cordiale, l'Anglais sournois nous proposera de nous débarrasser de "ces îles sans intérêt". La France hésite, puis refuse. En fait les Anglais s'y intéressaient pour en faire un point de ravitaillement en charbon entre les Malouines et l'Australie, leurs navires étant désormais motorisés.